Peau-de-Verre

— Par Dominique Jamet

Tous les candidats avaient à répondre à la même question. Tous n’y ont pas répondu de la même manière. Il n’existe pas de forme fixe idéale pour une bibliothèque. Au moins pouvait-on souhaiter que celle-ci ne ressemblât pas trop à une gare, à une usine, à un gymnase, à un aéroport, à un hippodrome. La confusion était parfois possible.

Tel concurrent avait soigné la mise en Seine. Tel autre avait imaginé une boîte, bijou sacré dans son écrin de verre, sous son auvent de verre. Tel autre un cube noir troué de profondes alvéoles, la Kaaba de la Mecque, une bibliothèque mystérieuse, bloc par trop calme ici-bas chu d’un astre obscur. Le projet d’un jeune Français dont le nom, par-delà trois siècles, fait écho à ceux de l’auteur de la colonnade du Louvre et de son frère le conteur, a séduit par sa monumentalité, sa minimalité, sa simplicité, son audace, son ouverture et sa clarté. Si Peau-de-Verre nous était contée. Cette bibliothèque en habit de lumière est faite de l’étoffe dont sont tissés les rêves. On a dit de Rousseau qu’il avait mis du vert dans la littérature. On dira de Perrault qu’il a mis du verre dans l’architecture contemporaine et du vert dans les vieilles bibliothèques.

Premiers volumes, à l’occasion de l’exposition présentée à l’Institut français d’architecture du 2 au 28 octobre 1989, Bibliothèque nationale de France, 1989