Des critiques nombreuses

— par François Chaslin

Dès sa conception, la Cité radieuse fait l’objet de critiques sévères. Un collectif d’architectes bretons relève dans la revue L’Architecture française tout ce qui pêche dans le projet. Ce texte est cité par François Chaslin dans son livre Un Corbusier.

Que pensez-vous de ces remarques ? La coupe de deux appartements ci-contre (cliquez pour agrandir) vous permettra de vous faire votre propre idée.

“Publiée sur trois pages dans L’Architecture française, l’analyse des Bretons était factuelle, précise, accompagnée elle aussi de données chiffrées et des mêmes plans et coupes. Elle soulignait l’ampleur des dérogations eux règlements et aux normes traditionnelles, particulièrement en ce qui concerne l’éclairement des pièces : ‘la salle commune a une surface de baie supérieure à la surface du plancher alors que d’autres pièces ne possèdent aucun éclairage naturel. La cuisine, la salle de bains, les lavabos, le W.-C. ne possèdent aucune ventilation ni éclairage naturel. L’éclairage des locaux est extrêmement variable, allant de l’éclairage intense à l’obscurité la plus complète. En second jour, un sous-plafond très bas. La mère de famille est confinée dans une cuisine ne possédant aucune fenêtre sur l’extérieur ! La façade est à onze mètres soixante-huit du centre de la cuisine. Étant donné le temps que les femmes françaises passent dans leur cuisine, dont elles font en général leur centre d’activité, pourront-elles admettre comme cuisine un réduit à demi obscur de quatre mètres carrés, même mécanisé ? ’ Réduit mécanisé : les mêmes mots que ceux du jeune Bechmann. L’article s’inquiétait des odeurs de cette cuisine et estimait que ‘la solution de l’appartement à deux niveaux, certes très élégante’ s’adressait surtout à des familles sans enfant ou avec domestiques, et craignait qu’il n’existe ‘aucune intimité pour les parents sur leur balcon-chambre à coucher’ tandis que le couloir d’un mètre quatre-vingts de largeur et six mètres trente de long affecté aux chambres d’enfants ne pourrait leur donner le ‘caractère jeune et rieur’ qu’on attendrait.“

Un Corbusier, François Chaslin, collection Fiction et Cie, Seuil, 2015