La tuile

La couverture de tuile
La couverture de tuile |

© BnF

La taloche
La taloche |

© Bibliothèque nationale de France

La couverture de tuile est très ancienne ; dès la Grèce antique, son utilisation est fréquente. Les tuiles sont fabriquées de la même façon que les briques : elles sont moulées, mises à sécher à l’abri, puis cuites dans un four par fournées de 10 à 12 000 tuiles pour assurer l’imperméabilité de la future couverture.

Jusqu’au 10e siècle, les tuiles, souvent irrégulières et se juxtaposant mal, sont scellées avec du mortier. Vers la fin du 11e siècle, on invente en Bourgogne les premières tuiles plates avec un rebord à crochet.

Les briques sont aussi un rempart contre le feu. Pour éviter le risque d’incendie, en ville, le remplacement des toitures de chaume par des toits de tuiles est imposé par les municipalités dès le 13e siècle.

Différentes sortes de tuiles
Différentes sortes de tuiles |

© BnF

Couverture en terre cuite, détails de deux modèles de tuiles
Couverture en terre cuite, détails de deux modèles de tuiles | © BnF

Plusieurs formes de tuiles

Il existe plusieurs formes de tuiles :

  • la tuile plate, dont une des extrémités peut être arrondie, ce qui lui vaut selon les régions l’appellation de tuile en écaille ou en queue de castor ;
  • la tuile canal ou ronde : assez lourde, elle est beaucoup utilisée dans le Sud de laFrance ;
  • la tuile à crochet et à trou, qui garantit une bonne fixation ;
  • la tuile à emboîtement : inventée en 1841 par Xavier Gilardoni, c’est une tuile fabriquée selon des méthodes industrielles ;
  • la tuile faîtière, qui est posée sur le faîte, c’est-à-dire le sommet ; elle relie les deux pans du toit et sa forme est allongée et arrondie.
Différentes sortes de tuiles
Différentes sortes de tuiles | © BnF
Brouette pour le transport, et couvreurs sur les toits
Brouette pour le transport, et couvreurs sur les toits | © Bibliothèque nationale de France

La pose des tuiles

Les tuiles sont fixées sur des crochets, grâce à des clous, ou posées (surtout au niveau du faîtage) sur du mortier frais. Les tuiles sont posées par un "couvreur de tuiles". Celui-ci sait aussi bien manier le marteau, pour clouer les tuiles, que la truelle : les tuiles du faîte du toit doivent être liées au mortier. D’ailleurs, certains couvreurs sont également maçons.

Les tuiles faîtières sont fixées à l’arête du toit et sur le rebord des murs pignon avec du mortier. Les autres tuiles sont soit clouées sur les chevrons, soit posées par chevauchement partiel. Selon la pente du toit, on emploie des tuiles canal, posées dessus dessous, ou des tuiles à crochet et à trou, pour les clouer afin qu’elles ne glissent pas dans le cas d’un toit à pente forte. Si des tuiles s’envolent en cas de tempête, il est facile de les remplacer ponctuellement.

Hôtel Dieu de Beaune
Hôtel Dieu de Beaune | © Hospice de Beaune
Les toits en tuile des Hospices de Beaunes en Bourgogne
Les toits en tuile des Hospices de Beaunes en Bourgogne | © Christiane Ryser

Une dimension esthétique

Les tuiles peuvent être décorées et colorées. Divers procédés sont mis en œuvre :

  • on cuit les tuiles à four fermé pour obtenir une nuance noire ;
  • on effectue un appel d’air pour obtenir une belle couleur rouge ;
  • on les glace avec du plomb ou on les émaille de noir, de jaune, de vert ou de bleu.

Les tuiles peuvent aussi passer entre les mains d’un potier qui dessine un motif avec un liquide à base de plomb dont l’utilisation est dangereuse et toxique. Puis les couvreurs disposent les tuiles sur les toits afin de composer des motifs géométriques abstraits ou figuratifs, comme c’est le cas aux Hospices de Beaunes en Bourgogne.
Dès le 13e siècle, les toitures des abbayes, hôpitaux, châteaux, voire des demeures aristocratiques urbaines prennent l’apparence de véritables tapis aux motifs de losanges ou de fleurs de lys. Les tuiles alternent parfois avec d’autres éléments décoratifs comme des mascarons, des acrotères ou des frises.