La Velléda

— par Paul Verlaine

Au salon des Beaux-Arts de 1839, une statue de Velléda (druidesse gauloise) par Hippolyte Maindron obtient un succès considérable. La "Velléda" présentée en plâtre en 1839, puis en marbre en 1844, peut être admirée au jardin du Luxembourg. En 1866, un célèbre sonnet de Paul Verlaine évoque la version en plâtre de cette œuvre.

Après trois ans

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin...
Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m'est connue.

Même j'ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s'écaille au bout de l'avenue,
- Grêle, parmi l'odeur fade du réséda.

La Vellédapar Paul Verlaine