Le travail des embaumeurs

— par Agatha Christie

Yahmose attendait son père avec Kameni, qui remplaçait Hori, occupé à surveiller le travail des embaumeurs et des ouvriers qui s’activaient dans les préparatifs des funérailles prochaines.
Il avait fallu à Imhotep plusieurs semaines pour revenir du Nord, quand il avait appris la fatale nouvelle, et les préparatifs des obsèques étaient maintenant presque terminés. Le corps, après une longue immersion dans un bain de saumure, avait été huilé, frotté de sels et enveloppé de bandelettes. Il reposait maintenant dans un sarcophage.
Yahmose expliqua qu’il avait fait aménager une petite chambre funéraire, voisine du tombeau, taillé dans le roc, dans lequel devait être un jour déposé la dépouille d’Imhotep lui-même. Il précisa le détail des dispositions qu’il avait cru devoir prendre. Imhotep l’écouta avec satisfaction.
– Tu as agi avec infiniment de sagesse, déclara-t-il enfin. Je constate avec plaisir que tu as fait preuve de jugement et que tu as su ne point perdre la tête !
Yahmose rougit sous ces compliments inattendus.
– Sans doute, poursuivit Imhotep, Ipi et Montu sont des embaumeurs particulièrement chers et il me semble que ces vases couverts sont assez inutiles. On pourrait les supprimer. Quelques-uns de leurs prix, d’ailleurs, me paraissent terriblement élevés. C’est l’ennui avec les embaumeurs qui ont travaillé pour la famille du gouverneur. Ils s’imaginent qu’ils peuvent gonfler leur note autant qu’il leur plaît. Tout cela serait revenu bien meilleur marché si tu t’étais adressé à des embaumeurs moins connus.

La Mort n’est pas une fin, Agatha Christie, 1944