L’histoire du Palais-Royal

Plan général du Palais-Royal et de ses environs en 1692
Plan général du Palais-Royal et de ses environs en 1692 | © Bibliothèque nationale de France

En 1632, le cardinal de Richelieu, premier ministre de Louis XIII, obtient la propriété d’un terrain situé en face du Louvre. Le lotissement a la forme d’un vaste rectangle, comprenant un jardin en son centre. Richelieu y fait construire dans l’aile sud-est une salle de spectacles, que Louis XIV décide en 1660 d’ouvrir au public.
Le Palais-Royal devient la propriété des Orléans, branche cadette du royaume de France, en février 1692, quand Louis XIV l’offre à Monsieur, son frère. Le jardin du palais est alors ouvert sur la ville.
Tout au long du 18e siècle, le Palais-Cardinal et son jardin subissent de nombreuses transformations. En 1781, Philippe d’Orléans décide de mener une opération immobilière en lotissant les parcelles situées en bordure du jardin. Le programme est réalisé par Victor Louis (1731-1800), l’un des grands architectes du 18e siècle. Victor Louis s’inspire de la colonnade de la place Saint-Pierre de Rome, que l’on retrouve également dans son œuvre la plus célèbre : le Grand Théâtre de Bordeaux, conçu en 1773 et inauguré en 1780.

Le projet comprend l’aménagement de logements, boutiques, théâtres et cafés, répartis sur trois ailes. La suite de maisons s’ouvre sur les parterres du jardin par une galerie continue de 180 arcades. Les façades, rythmées de pilastres colossaux à chapiteaux composites, sont surmontées par une balustrade. Des quinconces de colonnes toscanes supportant des voûtes plates assurent la liaison entre le jardin et les trois rues avoisinantes.
Philippe Égalité fait également construire de 1786 à 1790 le théâtre du Palais-Royal destiné à remplacer la salle de l’Opéra, incendiée en 1781.

Vue de l’ancien Palais-Royal et du jardin
Vue de l’ancien Palais-Royal et du jardin |

© Bibliothèque nationale de France

"Je suis citoyen" (portrait de Philippe Égalité)
"Je suis citoyen" (portrait de Philippe Égalité) |

© Bibliothèque nationale de France

Un village dans la ville

L’image agitée du Palais-Royal est liée à celle du cousin de Louis XVI, Louis-Philippe Joseph d’Orléans (1747-1793), duc de Chartres puis duc d’Orléans, qui prend en 1792 le titre de Philippe Égalité. Le duc se distingue par son ouverture aux idées réformatrices, avant et pendant la Révolution. Il décide de changer le nom du jardin du palais royal en "Jardin de la Révolution". Il votera même pour la mort de Louis XVI avant d’être lui-même condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire de Paris.
Philippe Égalité fait du Palais-Royal un lieu d’exception, une ville dans la ville, protégée par des règles que seul le statut de son propriétaire peut permettre. Ainsi, la police n’a pas le droit d’y pénétrer. Les marchands de mode, cafés, boutiques d’estampes et gravures, libraires, etc., se partagent les 88 boutiques, tandis que les arcades abritent une foule disparate de prostituées, joueurs ou flâneurs.

Une galerie de bois, ancêtre des passages couverts

La Galerie de bois est construite en 1786, pour séparer la cour du Palais-Royal et le jardin. Elle constitue le quatrième côté du quadrilatère que devait former le lotissement, mais que le manque de crédit conduit à reporter.
Provisoire, la Galerie de bois s’apparente à un vaste hangar de planches, de 2250 m2. Elle est composée de deux galeries bordées de quatre rangées de boutiques, qui en font l’ancêtre des passages couverts. Elle n’est pas éclairée par une verrière mais par des fenêtres ouvertes sous le débord de la toiture, ce qui permet un éclairage semi-zénithal. Ce lieu longtemps critiqué pour ses multiples commerces est surnommé le “Camp des Tartares”. Il ne sera détruit que 40 ans plus tard.

Le cirque semi-enterré du Palais-Royal

Le cirque du Palais-Royal est construit en 1787 par Victor Louis à la demande du duc d’Orléans. C’est un bâtiment de 112 m de long et 32 m de large, relativement bas et partiellement enterré de manière à ne pas gêner la vue sur les galeries du Palais-Royal. Couvert d’une verrière, il est destiné à accueillir des courses de chevaux et des spectacles.
Le cirque abrite 40 boutiques complètement enterrées, qui préfigurent les centres commerciaux actuels. Il est détruit par un incendie fin 1798.

La galerie de bois au Palais-Royal
La galerie de bois au Palais-Royal | © Bibliothèque nationale de France
La galerie de bois au Palais-Royal
La galerie de bois au Palais-Royal | © Bibliothèque nationale de France
Courses de chevaux et spectacles dans le nouveau cirque du Palais-Royal
Courses de chevaux et spectacles dans le nouveau cirque du Palais-Royal |

© Bibliothèque nationale de France

Le cirque semi-enterré du Palais-Royal en 1794
Le cirque semi-enterré du Palais-Royal en 1794 | © Bibliothèque nationale de France

Le Palais-Royal et la Révolution française

Cour du Palais-Royal en 1829
Cour du Palais-Royal en 1829 | © Bibliothèque nationale de France

Lieu de rassemblement, de débat et de débauche, le Palais-Royal connaît une effervescence particulière en juillet 1789. Le 12 juillet, Camille Desmoulins, ayant appris le renvoi du ministre Necker, harangue la foule et appelle à l’insurrection. Deux jours plus tard, la prison de la Bastille tombe et la Révolution française débute.

La Galerie d’Orléans

En 1814, le palais et son jardin reviennent au futur roi Louis-Philippe. En 1829, il fait remplacer les galeries de bois par la galerie d’Orléans, en pierre. Cet édifice couvert d’une verrière abrite 24 boutiques. Il n’en reste aujourd’hui que la double colonnade de pierre, qui sépare la cour d’honneur (hébergeant aujourd’hui les colonnes de Buren) du jardin proprement dit.

En 1900, un incendie dévore la Comédie-Française. Dans la foulée de cet événement, de nouveaux projets sont lancés pour remodeler encore une fois cet espace dans la ville. Ainsi, Henri Deverin propose d’ouvrir le Palais-Royal à la circulation. Le projet n’a jamais vu le jour.
Au 20e siècle, le Palais-Royal devient à partir de 1859 le siège des bureaux du ministère de la Culture. Mais le lieu reste aussi attaché à la figure de l’écrivain Colette qui y a vécu jusqu’à la fin de sa vie.