Un architecte de terrain

Des bâtiments en constante évolution

Une maquette "inversée" faite de chaînettes et de ficelles par Gaudí
Une maquette "inversée" faite de chaînettes et de ficelles par Gaudí | By Canaan [GFDL (http : //www. gnu. org/copyleft/fdl. html) or CC BY-SA 4. 0 (https : //creativecommons. org/licenses/by-sa/4. 0)], from Wikimedia Commons

Gaudí est un architecte à part dans l’histoire de la construction. Il ne se veut pas théoricien, et ne fonde pas d’école, ce qui explique que son œuvre soit à ce point unique. Il laisse même peu de documents écrits, et préfère les esquisses à main levée aux plans rigoureux. De plus, ses plans sont rarement définitifs : l’architecte les repense en permanence sur le chantier, comme si ses créations poussaient et évoluaient à l’image des végétaux.

C’est pourquoi ses constructions prennent forme au fur et à mesure du chantier, en se transformant constamment. À la maison Batlló apparaissent des pièces non prévues dans les plans. La maison Milà dépasse la hauteur prévue par les règlements municipaux, ce qui vaudra à l’architecte de nombreuses contrariétés administratives.

Tests de matériaux et maquette inversée

Gaudí est un architecte de terrain : il est très présent sur le chantier. Avant de construire, il se lance dans des opérations complexes de tests des matériaux, en plaçant par exemple des blocs de pierre sous une presse hydraulique, ou construit des maquettes pour vérifier les forces exercées sur son édifice.

L’une de ses méthodes de travail la plus originale est la modélisation de son bâtiment à l’aide de chaînettes et de ficelles. De petits sacs de sable accrochés à ces chaînes représentent les forces exercées. Retournée, la structure devient la maquette du bâtiment.

Gaudí écrit : "J’ai cette qualité de sentir, de voir l’espace du fait que je suis fils de chaudronnier. Le chaudronnier est un homme qui d’une surface fait un volume ; il a vu l’espace avant de commencer son travail."