Le bleu des toits : l’ardoise

L’extraction de l’ardoise
L’extraction de l’ardoise | © Bibliothèque nationale de France

Où trouver de l’ardoise ?

Les toits de la place des Vosges sont recouverts d’ardoise. C’est sans doute la méthode de couverture la plus délicate et la plus coûteuse à cette époque.
Elle est très appréciée depuis la Renaissance et des châteaux de la Loire.

Cette pierre naturelle est extraite dans des carrières plus ou moins profondes qu’on ne trouve pas en région parisienne, mais dans les Ardennes ou en Anjou. Le mode d’extraction peut varier : on creuse des galeries souterraines dans les Ardennes, ou on travaille à ciel ouvert en Anjou dans ce que l’on appelle les “ardoisières”. Les ardoises angevines, d’un bleu presque noir, sont réputées de très bonne qualité et totalement imperméables.

Le transport de l’ardoise jusqu’à Paris est coûteux car avant l’ouverture du canal de Briare (en 1642), première voie d’eau artificielle reliant la Loire à la Seine, il faut acheminer l’ardoise par la terre ou par voie maritime en descendant la Loire, puis en contournant par la mer la Bretagne et la Normandie, pour enfin remonter la Seine !

Du "crenon" à la feuille : les transformations de l’ardoise

Du “crenon” à la feuille : les transformations de l’ardoise
Du “crenon” à la feuille : les transformations de l’ardoise | © Bibliothèque nationale de France

Après avoir été remonté, le bloc d’ardoise appelé aussi “crenon” (d’une centaine de kilos) est débité en “répartons”, c’est-à-dire en blocs. Le fendeur, dont les jambes sont protégées par de larges pantalons (des braies) en cuir, se charge de débiter les blocs en feuilles plus ou moins fines en fonction de la qualité de la pierre. L’épaisseur moyenne d’une feuille d’ardoise au 17e siècle est comprise entre 8 et 10 mm.
Pour traiter les angles ou couvrir les toits de type dôme, on fend des feuilles d’ardoise courbes ou convexes. Après avoir sélectionné et rassemblé les ardoises en plusieurs catégories, il faut procéder au rondissage : les ardoises sont découpées selon des formes carrées, d’écailles, d’ogives… Place des Vosges, les pureaux (parties visibles des ardoises) révèlent qu’il s’agit d’ardoises carrées.

Les toits de la place des Vosges aujourd’hui
Les toits de la place des Vosges aujourd’hui | © Nathalie Ryser
Les toits de la place des Vosges aujourd’hui
Les toits de la place des Vosges aujourd’hui | © Nathalie Ryser

La pose : un travail de haute volée

Sur le chantier, les ardoises sont examinées une à une par le couvreur : il s’assure de leur qualité en frappant doucement sur chaque pièce. Si une ardoise “sonne” mal, c’est qu’elle présente un défaut : elle est alors mise de côté.

Les ardoises les plus épaisses sont posées en bas de la couverture et les plus fines vers le sommet. Déplacées vers le lieu de pose, elles sont mises en attente sur le liteau ou coincées entre deux voliges. Par ailleurs, les voliges jouent un rôle important, puisque ces pièces de bois rectangulaires fixées sur la charpente servent de support à la couverture d’ardoise.