L’abbaye du Thoronet : fondation et déclin

Le cloître de l’abbaye du Thoronet
Le cloître de l’abbaye du Thoronet | © Jean-Didier Wagneur

Aux 11e-12e siècles, la puissance de l’Église, avec, à sa tête, l’abbaye de Cluny, est à son apogée. Mais certains critiquent le relâchement de ses membres qui n’observent plus à la lettre la règle de saint Benoît. En 1098, quelques moines décident en réaction de fonder une nouvelle abbaye : celle de Cîteaux. On assiste à la naissance de l’ordre cistercien, qui se développe rapidement sous l’impulsion de Bernard de Clairvaux, ou saint Bernard.

La naissance du Thoronet

Dans la foulée de la remise en cause cistercienne, trois abbayes cisterciennes, appelées "les trois sœurs provençales", sont fondées en Provence : Sénanque (Vaucluse), Silvacane (Bouches-du-Rhône) et le Thoronet (Var), entre 1147 et 1160. Seule Sénanque est encore en activité et occupée par des moines cisterciens.
L’acte de fondation de l’abbaye du Thoronet date de 1157. Le choix de son emplacement, qui offre une forêt étendue, de nombreuses sources d’eau et un sol de roche solide, n’est pas dû au hasard. D’après la règle cistercienne, un monastère doit en effet disposer des ressources naturelles permettant de vivre en autosuffisance, afin "d’éviter que les moines n’aillent au-dehors".
L’abbaye connaît tout d’abord une grande prospérité, en vivant de l’agriculture et de l’élevage mais aussi grâce aux nombreux dons des nobles. L’élevage des moutons fournit aussi la peau nécessaire à la fabrication du parchemin employé par les moines dans le scriptorium, lieu où ils recopient les manuscrits.

L’abbaye de Senanque en Provence
L’abbaye de Senanque en Provence |

© Sophie Guindon

Abbaye de Silvacane
Abbaye de Silvacane |

© Abbaye de Silvacane

La fin de l’abbaye

Moins de deux siècles plus tard, l’abbaye est déjà en déclin. Comme à Cluny, le Thoronet est victime de son succès. Les moines sont alors contraints de gérer leur argent et leurs terres comme de véritable seigneur, loin de la vie modeste prônée par la règle de saint Benoît. Plus tard, les guerres de religion accélèrent la fin de l’abbaye. Au 18e siècle, le bâtiment non entretenu laisse voir fissures et toitures effondrées. Les premières restaurations démarrent en 1854, à l’initiative de l’écrivain Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques et grand sauveteur d’édifices anciens.