Brasilia, capitale du Brésil et des espoirs déçus

Monument hommage à Juscelino Kubitschek par Oscar Niemeyer, 1981
Monument hommage à Juscelino Kubitschek par Oscar Niemeyer, 1981 |

© UNESCO/Ron Van Oers ; © ADAGP, 2022

De 1763 à 1956, la capitale du Brésil est Rio de Janeiro. Dans ce pays immense (8, 516 millions de km²), la population et les richesses se concentrent surtout sur la côte Atlantique. En déplaçant la capitale au centre du pays, le président Juscelino Kubitschek (1902-1976) souhaite rééquilibrer l’activité économique du pays. Il revendique en effet une politique volontariste qu’il résume par le slogan "50 ans de progrès en 5 ans".

Le pari est en partie tenu. Lorsque Brasilia est inaugurée le 21 avril 1960, elle compte environ 100 000 habitants. Aujourd’hui, bien qu’elle ne soit pas encore aussi attractive que les mégalopoles de la côte (Salvador, Rio de Janeiro, Saõ Paulo), Brasilia compte 2, 5 millions d’habitants, contre plus de 6 millions pour Rio de Janeiro et 12 pour Saõ Paulo.

Une ville pour tous ?

Animé, tout au long de sa vie, d’un profond engagement pour l’égalité entre les hommes, Oscar Niemeyer espérait que Brasilia pourrait devenir la ville universelle, ouverte à tous, où régneraient la tolérance et la fraternité. Mais les événements lui donnent tort dès l’inauguration de Brasilia. "L’enchantement a pris fin d’un coup. Les candangos sont retournés dans leur région misérable ; ceux qui sont restés n’ont pas eu d’autre choix que de s’entasser dans des bidonvilles, à l’extérieur de la cité, alors qu’ils l’avaient construite", raconte Oscar Niemeyer lors d’un entretien (voir A lire).

Le chantier de Brasilia a en effet mobilisé jusqu’à 60 000 ouvriers dont la majorité était issue du nord et plus précisément de l’État le plus pauvre du pays : le Minas Gerais. Même si la ville a trouvé sa population, l’idéal rêvé par Oscar Niemeyer, Lucio Costa et le président Kubitschek n’a pas eu lieu : les ouvriers et leurs familles n’ont pas eu les moyens de s’installer dans la ville qu’ils avaient construite et sont restés dans leurs pauvres baraquements situés en dehors de la ville. Ces secteurs informels donnèrent naissance aux villes-satellites qui existent toujours autour de Brasilia.