Walter Gropius

Walter Gropius (1883-1969)
Walter Gropius (1883-1969) |

© Bauhaus-Archiv Berlin

Walter Gropius (1883-1969), le fondateur du Bauhaus, ambitionne de concilier l’industrie, l’art et l’artisanat pour mettre le beau à la portée de tous. Cette vision nouvelle est rendue possible par le triomphe de l’industrie au début du 20e siècle. On peut désormais produire plus vite, à moindre coût et en série. Pour Gropius, un tel objectif passe par le développement d’une pédagogie différente, privilégiant l’interdisciplinarité et la collaboration.

Le modèle de l’industrie

Construire à la chaine : le modèle de l’industrie automobile
Construire à la chaine : le modèle de l’industrie automobile | © BnF
L’usine d’embauchoirs Fagus de Walter Gropius
L’usine d’embauchoirs Fagus de Walter Gropius | Par Traveler100 [GFDL (http : //www. gnu. org/copyleft/fdl. html) ou CC BY-SA 3. 0 (https : //creativecommons. org/licenses/by-sa/3. 0)], de Wikimedia Commons

Walter Gropius est, depuis ses débuts, fasciné par le monde de l’industrie. La conception en série d’objets de la vie courante permet d’abaisser les coûts de fabrication et de vendre au plus grand nombre : c’est ce qu’il apprend auprès de Peter Behrens qui, en 1907, devient le directeur artistique de la firme d’équipements électriques AEG (Allgemeine Elektricitäts-Gesellschaft, entreprise d’électricité générale). En voyage aux États-Unis au début des années 1910, Gropius en admire l’industrie et l’architecture qui en découle. Il est tout particulièrement intéressé par les méthodes de travail employées dans les ateliers de construction automobile. De retour en Europe, il publie ses photographies de silos et d’usines dont il compare la simplicité et la monumentalité à celle des pyramides d’Égypte. Fasciné par les transports modernes et la construction automobile, il dessine des locomotives et des carrosseries. Pour lui, la construction industrielle est l’avenir de l’architecture. En 1911, Walter Gropius construit avec Adolf Meyer l’usine d’embauchoirs Fagus, où l’acier et le verre participent à la définition d’une nouvelle esthétique. On retrouve ces matériaux et ces formes dans le bâtiment du Bauhaus de Dessau.

Une pédagogie nouvelle

En 1918, Walter Gropius prend la direction de l’Institut des arts décoratifs de Weimar qu’il réforme complètement pour fonder le Bauhaus. L’objectif est de former les étudiants à produire des objets conciliant art, artisanat et industrie. Les méthodes pédagogiques sont en rupture totale avec l’enseignement académique. La première année est celle du cours préliminaire : cet enseignement général propose de réfléchir à la forme et aux matériaux, puis à la texture, l’espace, la couleur, l’outil, la nature. Au fil du cursus, l’étudiant se spécialise : il peut choisir le travail du bois, de la terre, de la pierre, du verre, de la couleur (peinture), du textile… Walter Gropius estime que cet enseignement progressif doit mener au but qu’est l’architecture. Le cursus dure en principe huit semestres. Comme dans l’artisanat, l’étudiant du Bauhaus passe du statut d’apprenti à celui de compagnon pour devenir, peut-être, jeune maître et enseigner à son tour.

Le Bauhaus de Dessau
Le Bauhaus de Dessau | © Bauhaus-Archiv Berlin
Le Bauhaus de Dessau
Le Bauhaus de Dessau | © Bauhaus-Archiv Berlin

L’école technique

Le maire de Dessau demande à Walter Gropius d’accueillir dans les locaux du Bauhaus l’école des arts décoratifs et de l’artisanat déjà existante (“Technische Lehranstalten” – école technique –, appelée plus tard “Berufsschule” – école professionnelle). L’aile ouest rassemble des salles de classe et des ateliers. La proximité avec le Bauhaus permet de mettre immédiatement en pratique les études des étudiants et des enseignants du Bauhaus. Ainsi, toutes les phases de création d’un objet – de sa conception à sa réalisation – peuvent se dérouler dans un seul et même lieu : le Bauhaus est une ville, une usine, une école tout à la fois.