"Il faut cultiver notre jardin"

— par Voltaire

Au terme d’un voyage qui a révélé toutes les formes du mal, le jardin apparaît comme le reflet du monde dont rêve le héros du conte philosophique de Voltaire, Candide. Un jardin à rapprocher de celui de Sanssouci ?

Toute la petite société entra dans ce louable dessein ; chacun se mit à exercer ses talents.
La petite terre rapporta beaucoup. Cunégonde était à la vérité bien laide ; mais elle devint une excellente pâtissière ; Paquette broda ; la vieille eut soin du linge. Il n’y eut pas jusqu’à frère Giroflée qui ne rendît service ; il fut un très bon menuisier, et même devint honnête homme : et Pangloss disait quelquefois à Candide  : “Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château, à grands coups de pied dans le derrière, pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches.” “Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.”

Candide, Voltaire, 1 759