Godin et le projet du Familistère

Le projet du Familistère naît dans l’esprit de Jean-Baptiste André Godin, ouvrier serrurier né en 1817. Alors qu’il fait un tour de France en tant que compagnon, il constate combien le mode de vie des ouvriers est précaire.
Inventeur du poêle en fonte vers 1840, il crée un petit atelier de fabrication qui deviendra une usine importante. Soucieux d’offrir aux ouvriers de son usine des conditions de vie décentes, Godin conçoit et fait construire à côté de l’usine une cité ouvrière pour 2 000 habitants environ, le « Familistère ».
Dans son projet, Godin est influencé par les thèses du philosophe Charles Fourier, tenant du socialisme utopique, qui imagine le phalanstère, lieu de vie communautaire où les classes sociales peuvent cohabiter. Godin s’installe dans son Familistère dès la construction du premier pavillon en 1860. Ouvriers et ingénieurs y cohabitent aussi sans hiérarchie.

La buanderie du Familistère
La buanderie du Familistère | © Familistère de Guise

Le Familistère se compose de plusieurs différents espaces, qui correspondent au projet social et éducatif de Godin. Car son ambition est de fournir aux ouvriers de son usine « les équivalents de la richesse », c’est-à-dire ces avantages auxquels ils ne pourraient accéder de façon individuelle, faute de moyens. Ces acquis passent aussi par une architecture différente, ainsi que l’écrit Godin : « Le progrès social des masses est subordonné aux progrès des dispositions sociales de l’architecture. » Et ceci d’autant que les ouvriers du Familistère sont collectivement propriétaires des logements.

L’hygiène

Dans la droite ligne des théories hygiénistes de l’époque, le Familistère offre l’eau courante, des bains, des cabinets d’aisance à tous les étages, et des espaces bien aérés et éclairés. Une buanderie collective permet de laver le linge. Placée entre la fabrique et les habitations, elle est complétée par des douches où les ouvriers peuvent faire halte après le travail. La lumière, vue comme une évidente métaphore de la connaissance et du progrès, est omniprésente : les verrières ouvrent sur le ciel, les appartements sont traversants.

L’éducation

L’éducation des enfants des ouvriers dans des écoles fait partie intégrante du projet. Contrairement aux écoles publiques, l’école du Familistère est mixte et obligatoire jusqu’à 14 ans. Les plus jeunes (de 0 à 6 ans) sont accueillis dans une crèche. Les plus âgés peuvent quant à eux entrer en formation professionnelle dans des classes d’apprentissage à l’usine. Les enfants peuvent même apprendre à nager dans la piscine à fond mobile accolée à la buanderie.

La crèche du Familistère
La crèche du Familistère | © Familistère de Guise
L’école du Familistère
L’école du Familistère | © Familistère de Guise

La culture

Un théâtre est construit dès 1870. Il propose spectacles et conférences, notamment celles de Godin lui-même qui y vante régulièrement son projet social. Le Familistère comprend également une bibliothèque ouverte à tous. Dans le parc, un kiosque à musique propose des concerts.

Le coût de la vie

Dans les économats, des magasins coopératifs vendent les produits de première nécessité sans faire de bénéfice, suscitant parfois la colère des commerçants des alentours.

La boucherie des économats du Familistère
La boucherie des économats du Familistère | © Familistère de Guise